mardi, 13 mars 2012

Regarder l'étrangeté qui est en nous

Les familles de malades psychiques aidées de psychologues organisent mardi à la Médiathèque un ciné-débat et des lectures. Une approche artistique pour casser les préjugés et lutter contre la peur de la différence. 

"Je suis dans la confusion", "Je tempête", "Je sors peu de chez moi", "Je lutte comme un forcené contre les moulins à vent", "Je suis la réalité", "Je profite des parcelles de beauté qui existe quand même dans ce monde de brutes". Ces quelques mots ont été écrits par des malades psychiques lors d'ateliers pour décrire leurs "réactions spontanées, leurs réactions défensives puis leurs stratégies constructives" "face à l'étrangeté du monde". Des mots simples que chacun peut comprendre s'il prend la peine d'écouter.

Afin de guider le grand public sur ce chemin de l'attention et de l'acceptation de la différence, dans le cadre de la 23e semaine de la santé mentale du 12 au 18 mars, l'Union nationale des familles de malades psychiques (UNAFAM 08) , aidée des psychologues Corinne Fréville et Danièle Guennebaud a choisi de se servir de l'art et sort pour la première fois du champ médical en investissant un lieu central et culturel: la Médiathèque Voyelles.

Le mardi 13 mars, à 17h, sera projeté le film Le Soliste de Joe Wright, suivi à 19h, d'un débat animé par Corinne Fréville, Dominique Mette et Danièle Guennebaud sur le thème: "L'accompagnement, le rétablissement et l'acceptation des différences?"

"Les malades se sentent étrangers dans un monde incompréhensible, hermétique [...] Nous allons essayer d'émettre l'hypothèse qu'il faut aller voir soi-même ce qu'il y a de bizarre en nous, nos choses étranges pour essayer de comprendre les malades", explique la psychologue clinicienne Danièle Guennebaud. Cette dernière s'appuiera sur la lecture, par Christophe Bonnaire, de textes littéraires "très forts sur le plan émotionnel" (Pablo Neruda, Michel Tournier...)

Se servir du cinéma et de la littérature est un choix judicieux pour parler de personnes souvent très sensibles et possédant des qualités artistiques étonnantes (des noms célèbres cachent des pathologies psychiques: Virginia Woolf, Antonin Artaud, etc.). Mais aussi pour toucher le grand public et aborder une maladie qui nous concerne tous: "2.8% de la population connaît des troubles sévères qui perturbent leur comportement et leur vie sociale (36 400 en Champagne-Ardennes). Une personne sur cent est atteinte de schizophrénie dans le monde", rappelle les responsables locaux de l'Unafam, Christian Joseph et Françoise Gobert, eux-mêmes proches de malades. Tous deux espèrent ainsi en finir avec les préjugés qui stigmatisent les schizophrènes "alors que ce sont eux qui sont le plus souvent agressés". (Source: Nathalie Diot - L'Ardennais)

Avec leur équipe, ils assureront également des permanences l'après-midi dans le cadre d'une exposition d'information créée avec l'hôpital Bélair et présentée dans le hall de l'hôpital Manchester.

Leur local est ouvert tous les jeudis de 14h à 16h ou sur rendez-vous au 03 24 56 23 88. Ils organisent aussi des groupes de paroles avec une psychologue une fois par mois. Encore un numéro, celui des psychologues du service écoute de l'Unafam: 01 42 63 03 03.

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