mercredi, 11 avril 2012
"Les employeurs ne jouent pas le jeu"
Handicap et emploi. Difficile de vaincre les a priori pour les handicapés. Témoignages.
Trouver un emploi malgré son handicap, c'est le défi qu'aide à relever la chambre de commerce et d'industrie de Châlons, qui vient de renouveler son opération "handicap & emploi". Quelques trop rares employeurs étaient présents pour accueillir des personnes handicapées à des degrés divers, qui ont pu consulter des annonces, rencontrer des organismes spécialisés et confier leurs difficultés.
Alain, 46ans, a des problèmes de dos depuis 1995. "J'étais descendu à Marseille pour travailler dans la boulangerie. A force de pter des bacs et des charges lourdes, j'ai attrapé une hernie discale qui m'empêchait de marcher. A Marseille, ils n'ont pas voulu m'opérer. Alors je suis remonté chez mes parents à Sainte-Ménehould." Alin enchaîne des petits boulots à mi-temps, comme surveillant au centre social d'Argonne, accompagnateur de bus pour le scolaire, etc. "J'ai été opéré du dos en 2006 à Reims. Mais la médecine du travail me recommande de ne pas porter de charges de plus de 15kg. Et puis j'ai des problèmes d'sthme. Je suis reconnu par la Cotorep comme travailleur handicapé." La Sécurité sociale lui octroie royalement une rente de 200 euros par trimestre. "Pas de quoi vivre avec ça. Heureusement, ma femme travaille. Nous avons deux enfants." Titulaire d'un CAP de boulanger, Alain aimerait retravailler. Marre d'être cloué chez lui devant la télé. "J'ai envoyé des CV. Je suis pourtant éligible à un contrat d'aide à l'emploi." Pôle emploi? "Il ne s'occupent pas de moi. Je ne savais même pas qu'ils avaient déménagé à Châlons." Alain se remet à niveau en maths, en français et en anglais. Au cas où. Mais il n'a pas le permis de conduire. "J'ai peur. A cyclomoteur ou en bus, je peux me déplacer dans le secteur."
Anne-Laure, 25ans, se déplace à l'aide d'une canne. "Il y a des jours où ça va, d'autres où je ne peux plus marcher." Cette jeune Châlonnaise est atteinte d'une maladie génétique rare, qui s'est révélée à l'âge de 17ans à la suite d'un accident de voiture. Son handicap s'est révélé au cours de stages qui ont ponctué ses études. Titulaire d'un bac technologique hôtelier décroché à Avesnes-sur-Helpe, dans le Nord, elle a complété sa formation par un BTS tourisme, et dans l'hôtellerie par une mention accueil et réception au lycée du Touquet. "J'ai occupé mon dernier emploi jusqu'au 31 octobre 2011 à l'office de tourisme de Reims, pour les 800ans de la cathédrale." Anne-Laure sait que son handicp est irréversible. "Dans quelques années, je serai dans un fauteuil roulant. Mais ma tête et mes bras sont en parfait état de travailler. Je trouve inadmissible que des employeurs ne respectent pas leurs obligations en matière d'embauche de handicapés. On me dit que mon CV est excellent, mais que l'on ne peut pas me prendre à cause de mon handicap. Il me restera peut-être à ouvrir mon propre établissement."
Chez Lustral, entreprise de nettoyage industriel ayant son siège à Saint-Martin-sur-le-Pré, le pourcentage de handicapés dépasse les 6%. "Nous tenons à honorer les obligations légales", explique la DRH."A compétences égales, si l'on prend une personne handicapée, on l'embauche. Ce sont des personnes souvent plus fidèles à leur employeur. Il faut qu'elles connaissent leurs limites. Mais tout dépend de la nature du handicap. C'est l'avis d'aptitude de la visite médicale qui tranche. Nous communiquons beaucoup avec la médecine du travail."
Lors de la journée "handicap & emploi", Lustral avait deux postes à proposer. Dans un premier temps en CDD, pour la période des congés d'été. (Source: L'Ardennais)
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