lundi, 27 août 2012

Le handicap en mode "fashion"

Quand on est en situation de handicap, s'habiller peut relever du parcours du combattant. Surtout quand il s'agit de se vêtir avec goût. Un jeune créateur tente de concilier mode et handicap.

© A&K Classics

Boutons aimantés, zips, manches amovibles, poches larges, tailles élastiques... Les vêtements du styliste parisien Chris Ambraisse, 28 ans, sont à la fois chics et pratiques. Et pour cause, les collections de ce créateur de la marque A&K Classics sont autant destinées aux valides qu'aux personnes handicapées. "Quand je crée, j'ai toujours en tête qu'il faut que ce soit ergonomique, moderne, facile à mettre, explique-t-il, je joue sur plein de petites astuces." Depuis 2006, ce jeune designer travaille sur des habits mixtes afin de "casser la discrimination" dont peuvent être victimes les non-valides dans l'univers de la mode. 

"Je voulais vraiment allier innovation et handicap, ce qui n'existe pas dans ce milieu", avance-t-il. Tout est parti d'une rencontre dans le métro il y a quelques années. Alors qu'il dessinait des modèles, une jeune femme handicapée l'aborde. "Elle m'a dit : il faut penser à nous! Elle voulait des vêtements mode mais fonctionnels, raconte-t-il, alors ça m'a fait réfléchir..." Après un an et demi de recherches pour "comprendre le besoin et les difficultés", Chris Ambraisse s'est lancé. Avec succès. Il enchaîne les défilés, les expositions, les festivals et les colloques. "Il y a une vraie demande des personnes handicapées pour avoir des vêtements beaux, élégants, pratiques", précise-t-il. 

Le comédien Mathieu Mienné confirme. "On est souvent obligé de porter des habits qui nous plaisent pas", explique ce jeune mannequin, atteint de spina-bifida, une maladie neurologique qui lui paralyse les membres inférieurs. L'esthétique, d'abord, est un vrai problème. "Certaines marques qui bossent un peu sur le handicap se concentrent surtout sur les personnes âgées, et je n'ai pas envie de m'habiller comme un pépé." Ce qui le contraint à passer par une couturière ou par des marques spécialisées. Mais là, c'est le budget qui coince. "Ça coûte cher et on a rarement les moyens", déplore-t-il. 

Les créations de A&K Classics vont de 25 € (pour un t-shirt) à 300 € (des manteaux en cashemire). "Je considère que ce n'est pas très cher, les matières sont coûteuses et ça reste de la créa", précise Chris Ambraisse. A l'heure actuelle, il est le seul en France à faire des "vêtements pour tous", à la fois pour valides et handicapés, sans dissociation. Mais il est confiant : "c'est un marché encore faible, mais ça va se développer, se démocratiser." Un avis que partage Hélène Grassi, coach en image de l'agence Alziamo, dont certains clients sont des personnes en situation de handicap. "Ça progresse, petit à petit", estime-t-elle, notamment au travers du développement des formations. "J'ai appris à des femmes aveugles à se maquiller, et c'est important pour elles de se sentir féminine en étant capables d'appliquer le rouge à lèvres et de le porter", explique-t-elle. 

Elle sent chez elles "une volonté d'affirmer : j'ai ma différence mais je suis femme avant tout. C'est aussi un moyen se donner confiance dans une société qui, elle, n'est pas toujours à l'aise avec le handicap." Et quand il s'agit "d'accompagnement shopping" et de relooking, elle n'hésite pas à se tourner vers les créations de Chris Ambraisse qui, à une semaine des Jeux paralympiques, avoue déjà songer "à des collections sports."(Source: L'Express)

© A&K Classics

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