mercredi, 21 novembre 2012

Handicap: la mode, une autre clé de l'intégration

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Porter une jupe quand on est en fauteuil, enfiler un costume sans effort ou customiser ses prothèses: les handicapés revendiquent le droit à l'élégance comme une clé de leur intégration, mais vêtements et accessoires mariant confort et mode restent souvent chers et rares.

 

Pour Didier Roche, qui a perdu la vue enfant, il est primordial de combattre une "sorte de fatalité" à "être +moche+ quand on ne voit pas".

Son groupe Ethik Investment propose des formations de "relooking" pour réussir son intégration professionnelle. "On pense que c'est secondaire, mais les dress-codes sont importants".

"Être autonome dans l'image qu'on souhaite donner" est même "indispensable pour l'insertion", souligne-t-il. Sa société propose d'ailleurs des cours d'"auto-maquillage".

 

Si s'habiller n'est certainement pas la première difficulté rencontrée au quotidien par les personnes handicapées, le désir de "faire passer sa personnalité au premier plan" grâce à son look est un élément important d'intégration, selon Damien Birambeau, fondateur de l'association Jaccede. "Il ne faut pas ajouter du handicap au handicap".

 

Pour Delphine Censier, tétraplégique de naissance, l'habit peut changer le regard de l'autre: "Il y a un standing à tenir pour ne pas tomber dans la pitié, pour ne pas être rangé dans la case +pauvre handicapé+".

La jolie blonde de 28 ans, qui a fait des photos de charme pendant plusieurs années, joue la débrouille: elle s'improvise couturière et reprend tous ses pantalons au niveau des cuisses en raison de son gabarit "très filiforme".

Le prêt-à-porter "classique" est souvent inadapté: trop de plis, pantalons qui descendent trop bas quand on est en fauteuil, vêtements impossibles à enfiler ou au contraire trop fluides...

S'il y a quelques années, les vêtements adaptés étaient purement fonctionnels, de nouvelles collections misent désormais sur l'esthétique.

 

"Sublimer le handicap"

Chris Ambraisse Boston, président de l'association Mode & Handicap, s'est lancé dans la création en 2008, après avoir constaté que "rien d'élégant, de beau et de fonctionnel" n'existait.

Désirant "casser le côté discriminant" du handicap, il propose des vêtements "fashion" et pratiques destinés aux handicapés et aux valides, comme un T-shirt à ouvertures latérales à 28 euros, un jeans zippé jusqu'aux genoux (90 euros) ou un manteau "amovible" à la longueur réglable (300 euros).

Jeux d'ouvertures, Velcro, aimants remplaçant les boutons, pantalons à ouvertures asymétriques... Le créateur joue sur les formes et matières pour mieux "sublimer le handicap". Il présentera sa nouvelle collection le 29 novembre à la Cité de la mode.

Les collections destinées aux invalides sont principalement disponibles sur internet, à des prix plus élevés en raison d'un marché encore peu développé et de vêtements souvent confectionnés sur mesure.

"Il s'agit encore d'une micro-économie, donc c'est un peu plus cher", explique Ryadh Sallem, président de l'association CAPSAAA, qui milite pour le droit à la différence et à l'intégration des handicapés.

Le marché est, selon lui, beaucoup plus développé dans d'autres pays d'Europe, notamment en Allemagne. En Grande-Bretagne, il est même possible de faire "tatouer" ses prothèses.

 

Car la mode ne s'arrête pas aux vêtements. Ainsi, le fauteuil de M. Sallem est "rouge, avec des rayons rouges et un cheval noir cabré dessiné, comme une Ferrari!"

Le champion d'Europe de basket fauteuil a choisi d'afficher son handicap. "Mes cuisses sont d'un carbone magnifique, j'ai opté pour des prothèses transparentes pour les montrer. J'aime mettre en avant mon côté robot, mon côté +art abstrait+!"

 

(Source : Le nouvel Observateur.com)

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