lundi, 11 février 2013

Grâce à son coach, Evelyne Pienne, malvoyante, fait du sport

201302095115ce3e75efa-0-728040.jpgCe n'est pas parce qu'on est malvoyant qu'on ne peut pas faire de sport. C'est le message d'Evelyne Pienne qui après avoir été exclue d'un cours de gym s'entraîne avec un coach.

 

 

« PENCHEZ vous en arrière. Tête en arrière. Vous venez chercher la barre à l'extérieur de mes mains. » Malvoyante à 90 %, Évelyne Pienne suit attentivement les indications de son coach Thibault Corniquet.
 

L'objectif de ce dernier, lui faire soulever 15 kg avec les bras pour l'aider à « tonifier son corps et éviter les courbatures…. Et participer aux jeux paralympiques en 2016 ! » la taquine-t-il.
Depuis octobre, Thierry Corniquet entraîne Évelyne Pienne deux heures par semaine dans une salle de sport carolo. Un challenge pour l'un comme pour l'autre. Car Évelyne n'avait pas pratiqué de sport depuis ses 16 ans. Quant au coach sportif, également préparateur physique des basketteurs de l'Étoile, il n'avait encore jamais entraîné de personne handicapée. Finalement, l'un et l'autre sont ravis.

« Cela ne demande pas plus d'attention mais une attention différente », observe-t-il. En plus de construire un programme adapté à ses besoins et compétences, Thibault est les yeux d'Évelyne. Il lui indique ses performances sur les petits moniteurs associés aux appareils, la guide entre les machines et l'aide à passer d'un étage à l'autre. Mais pas à monter les escaliers.

 

Retrouver du souffle

Évelyne connaît les 16 marches qui la séparent du rameur et n'a pas besoin qu'on l'aide à monter ou descendre. Elle est autonome. Tout comme chez elle où elle fait son ménage, se fait à manger, lit, écrit, grâce à un équipement spécialisé.
Membre de l'APF et de l'association Voir ensemble, Évelyne fait partie de ces personnes qui ne se laissent pas aller.
Même si elle avoue qu'elle a eu bien du mal à accepter son handicap au début et a parfois pensé au suicide. Elle avait 24 ans quand une maladie génétique l'a en partie privée de la vue. Âgée aujourd'hui de 48 ans, elle a « appris à vivre avec » et à prendre la vie du bon côté.
Aussi quand les douleurs physiques se sont faites trop présentes et que les cachets ne lui faisaient plus rien, elle a décidé de prendre les choses en main et s'est inscrite à un cours de gym.
 

Mais il lui a fallu être persévérante. Sa première tentative auprès d'une association s'est conclue par un échec. Selon elle, la prof sollicitée n'a pas souhaité l'intégrer à son cours pour valides expliquant qu'elle le « perturberait ». Alors qu'elle aurait sans doute pu mener l'affaire plus loin (lire ci dessous), Évelyne a poursuivi son objectif.
Mais pas question pour elle de chercher un cours du côté d'handisport. « Je n'ai pas envie de me retrouver toujours avec des personnes handicapées ou malades. Et je voulais voir autre chose que la maison ou que les rues piétonnes ». Grâce à son kiné, elle a finalement rencontré Thibaut Corniquet. Certes, ces séances individuelles ont un coût (« entre 32 et 38 euros », précise le coach) mais en 4 mois, elle a vite senti les bénéfices de ces efforts hebdomadaires : plus mal au dos, plus de pieds gonflés le matin, une tension revenue à la normal, du souffle et moins de médicaments. « Et je coûte moins cher à la sécu ! » s'amuse-t-elle.

 

Il ne suffit pas de rendre les lieux accessibles pour que les personnes handicapées soient intégrées au monde des valides, encore faut-il que les gens soient accueillants.
Vraisemblablement, le problème ne concerne pas les salles de sport de Charleville qui, comme la loi de 2005 l'exige, ont l'habitude d'accueillir des personnes handicapées (moteur, malentendants, entre autres) et où la prise en charge individuelle est plus facile.
En revanche, pour les cours collectifs, la situation semble plus délicate selon l'expérience d'Évelyne Pienne.
 

Pour autant, nous explique le directeur de l'APF Gaël Houée, « si une structure refuse une personne pour son handicap c'est une discrimination. Nous sommes dans une société qui doit inclure les personnes handicapées. Evelyne Pienne n'a pas relevé cette exclusion car elle doit y être habituée mais si elle voulait attenter une action auprès de la Halde (haute autorité de lutte contre les discriminations) elle le pourrait ».

 

(Source : L'Ardennais)

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