lundi, 17 février 2014
Accessibilité aux personnes handicapées : la région est en retard
Comment les villes vont-elles pouvoir combler toutes les lacunes en quelques mois alors qu’elles n’ont pas réussi à mettre en œuvre ces chantiers depuis 1975, date de la première loi sur l’accessibilité ? »
Cette interrogation, l’association des paralysés de France la pose à l’occasion de la publication de la 5e édition de son baromètre de l’accessibilité. « 40 ans après, et à quelques mois de l’échéance de 2015, on est loin du compte », constate Anne-Marie Bouté, représentante départementale de l’APF pour les Ardennes.
Il est vrai que son département fait partie des cancres du classement des villes préfectures de France : 90e sur 96. En 2009, lors du lancement de cette étude annuelle, les Ardennes étaient 38e… « Quand on n’est pas touché par le handicap, on s’en fiche, constate la responsable. Il est difficile de faire changer les mentalités. »
Les principaux griefs dans la ville préfecture ardennaise se concentrent sur les commerces, le domaine médical ou encore la voirie et certains grands établissements d’accueil du public.« Cela peut paraître étonnant mais peu de médecins sont accessibles. En centre-ville, les trois quarts des commerçants ne sont pas aux normes. Le cinéma, lui, est accessible mais une personne en fauteuil est condamnée à être au premier rang collée à l’écran. Pour la piscine, c’est pareil. On peut y aller mais c’est un véritable parcours du combattant pour atteindre le bassin. Et je ne vous parle pas des trottoirs au bout desquels vous êtes obligés de faire demi-tour car il n’y a pas de bateau pour descendre avec le fauteuil… »
Invités trop tard
Pour Anne-Marie Bouté, l’une des priorités est de mieux s’organiser en amont. Ce que confirme son collègue de l’APF Ardennes, Alain Antoine : « Le premier gros problème, c’est la démarche mise en place par les villes en matière d’accessibilité. Très souvent, on nous invite après coup et il n’est pas rare de devoir casser le nouvel aménagement car il y a des petits détails qu’un valide ne peut voir mais que, nous, on remarque immédiatement. Ça évolue petit à petit, mais par moments on a l’impression qu’on n’existe pas… »
Le classement de Charleville-Mézières ne manque tout de même pas d’étonner son maire, notamment la note de 5 sur 20 pour les « Équipement municipaux accessibles ». « Je suis très surpris du résultat, indique Philippe Pailla. Notre mairie est parfaitement accessible. Le théâtre a vu sa jauge réduite d’une centaine de places pour justement permettre aux personnes à mobilité réduite d’avoir de bonnes places. Pour les écoles, nous en avons 30. Toutes ne sont pas accessibles mais un travail est engagé sur cette question. Concernant le stade, il est vrai que la tribune principale n’est pas accessible, mais ce n’est pas notre plus grande priorité. Pour les transports, nous nous sommes mis d’accord avec les associations pour travailler sur des lignes de bus précises. Il est vrai par contre que, place Ducale, nous avons de vraies difficultés et nous n’avons de réponse pour l’instant. Mais je trouve qu’une note de 5 sur 20 est très dure. »
L’élu reconnaît par contre volontiers que le plan accessibilité ne sera pas terminé pour 2015 dans sa commune. « Étant donné le coût important des aménagements, je ne connais pas une ville en France qui sera prête à cette époque », souligne le maire.
Grégoire Amir-Tahmasseb pour l'Ardennais
(Source : http://www.lunion.presse.fr)
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