mercredi, 08 février 2012

L'homme qui voulait marcher sa vie

"Tous les soirs, je suis épuisé…"  On le serait pour moins. Joe Kals, paraplégique (D12) depuis 30 ans, parcourt 10 km par jour, en marche pendulaire, à la force des bras et des abdominaux. Parti du Havre le 10 août 2011, ce photographe, tout juste quinquagénaire, espère atteindre Menton, la ville où il habite, courant mars. Soit au total, 1 325 kilomètres. "Mon préparateur physique estime que l’effort physique que je fournis pour parcourir 10 km correspond à deux marathons !", explique-t-il, depuis son camping-car qui faisait halte, ce jour-là, à la caserne des pompiers de Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône).

Levé à 5h du matin, Joe Kals se livre d’abord à une séance d’électrostimulation d’1h15, avant de s’étirer les abdominaux pendant une demi-heure. A 9h30, il est sur le goudron pour son premier "marathon", les jambes enserrées dans des orthèses, les bras sur les béquilles. Pause déjeuner-repos puis second "marathon" l’après-midi. "C’est surhumain", concède-t-il. Surtout qu’à la douleur physique, s’ajoute la fatigue nerveuse. "Je dois rester concentré en permanence pour conserver l’équilibre et ne pas tomber. Je vis dans l’angoisse de la chute."

Joe Kals s’est préparé pendant cinq années avant de s’élancer sur les départementales de France. Son but : sensibiliser le plus grand nombre à la prévention du handicap et à la nécessité d’intensifier la recherche médicale, "pour que, dans un futur, le plus proche possible, l’homme ne garde plus de séquelles d’une section de la moelle épinière et ainsi puisse continuer à vivre dans la dignité". Car, avec la survenue du handicap, commence "la souffrance d’une vie dont on devient spectateur".  "Vous êtes pourtant bien acteur de votre vie ?", l’interroge-t-on, surpris. "Oui, mais à quel prix ?, répond-il. L’Homme n’est pas fait pour vivre assis. La priorité des pouvoirs publics doit être la recherche médicale et non pas l’accessibilité et l’insertion sociale, qui ne sont que des utopiesJe veux que les futurs accidentés aient la chance de ne pas avoir à vivre tout ce que j’ai vécu, qu’ils puissent se remettre debout grâce aux progrès de la médecineSi ma vie doit servir à quelque chose, ce sera à ça !" (Source: Franck Seuret - Faire Face)

 

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