Délégation APF des Ardennes (08)

« Parce qu'on est en fauteuil, on n'aurait pas le droit de porter de jolis sous-vêtements sexy ? » En posant la question, Yolaine Poulin avait la réponse. En octobre 2011, cette Vannetaise, paraplégique depuis 2003, a décidé de dessiner et faire fabriquer les slips, nuisettes, liquettes qu'elle ne trouvait plus dans le commerce.

« Il y a quatre ou cinq ans encore, je me fournissais dans un catalogue de vente par correspondance. Ces articles étaient référencés en lingerie coquine, s'amuse Yolaine. Ils les ont supprimés parce qu'ils n'en vendaient pas assez, m'a-t-on dit. »

Manque de coquins ou manque de clients handicapés ? La gamme Mayou lingerie, lancée en septembre via une boutique en ligne, entend joindre l'utile à l'agréable. « Nos sous-vêtements et notre lingerie de nuit s'attachent sur les côtés. On les referme sur soi, à droite comme à gauche, suivant le handicap. » Les soutiens-gorge, eux, s'accrochent devant plutôt que derrière.

La marque vise prioritairement les gens à mobilité réduite, mais pas seulement. Yolaine est même persuadée que l'argument pourrait éloigner des clients. « Nos modèles peuvent séduire les patients momentanément privés de mobilité, les mamans qui allaitent, les gens en surpoids, toute personne qui a des problèmes pour enfiler ses sous-vêtements. »

« Les mêmes envies »

Les tissus (coton ou polyamide), les couleurs (rouge, noir), le design sont attirants. « C'est un rappel à ceux qui voudraient croire que les personnes à mobilité réduite n'ont pas de vie affective, ni les mêmes besoins ou les mêmes envies que les autres. »

La gamme féminine commence à partir de 12 ans. Pour le reste, rien ne différencie les sous-vêtements Mayou de leurs homologues. La marque, née à Vannes, a confié la fabrication à Régence lingerie, un fabricant de Clisson (Loire-Atlantique), qui travaille pour des grandes marques et assemble dans ses usines tunisiennes.

Chic mais le moins cher possible, Mayou lingerie bute sur la nécessité de rester abordable aux petits revenus. « Une allocation adulte handicapé, ça ne fait pas très lourd, constate Jean-Paul Le Kernec, associé de Yolaine. À 9,50 € le slip femme, on reste très raisonnable. » En fonction des ventes, ils sont prêts à faire les mêmes pour hommes.

 

(Source: www.ouestfrance.fr)