jeudi, 27 février 2014

Accessibilité : Interview du directeur de la Délégation APF des Ardennes sur la radio France Bleu Champagne Ardenne

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La loi du 11 février 2005 pour légalité des chances devait permettre une accessibilité pour toutes les personnes en situation de handicap dans les villes, les commerces, les transports... à la date du 1er janvier 2015.

 

Hier le gouvernement a décidé de revenir sur ce délai de 10 ans en accordant de nouvelles échéances supplémentaires de 3, 6 et 9 ans.

 

L'APF est en désaccord avec cette annonce. 

 

Interviewé par la Radio France Bleu Champagne Ardenne, le Directeur de la Délégation APF des Ardennes explique les raisons de ce désaccord.

Retrouvez l'intégralité de l'interview ci dessous:

 

 

Un délai de trois à neuf ans accordé pour rendre les lieux publics accessibles à tous

 

 

Comme la ministre déléguée chargée des personnes handicapées, Marie-Arlette Carlotti, en a elle-même convenu dans la cour de Matignon, "il valait mieux dire la vérité" puisque l'impossibilité de respecter la date du 1er janvier 2015 pour la mise en accessibilité des établissements recevant du public (ERP) "était un secret de polichinelle".

 

Le gouvernement a donc validé, mercredi 26 février, non pas le report de cette échéance mais la mise en place d'un "processus irréversible" destiné à rattraper le retard accumulé, en permettant aux acteurs publics et privés"de s'engager sur un calendrier précis" de travaux, sous la forme d'"agendas d'accessibilité programmée" (Ad'AP) d'une durée maximum de trois, six ou neuf ans, en fonction de leurs caractéristiques soit, sommairement :

  • jusqu'à trois ans pour les ERP de 5e catégorie (petits établissements) ;
  • jusqu'à six ans pour les ERP de 1ère à 4e catégorie et pour les Ad'AP "de patrimoine" (incluant plusieurs établissements, toutes catégories confondues) ;
  • jusqu'à neuf ans, à titre exceptionnel, pour les Ad'AP "de patrimoine complexe".

 

Une réforme par voie d'ordonnance

 

Mais "la loi du 11 janvier 2005 reste en l'état", a insisté Marie-Arlette Carlotti, à l'issue de la réunion de conclusion de la concertation sur les nouvelles modalités de mise en oeuvre de l'accessibilité, organisée sous l'égide du Premier ministre avec les acteurs concernés, et qui a aussi adopté des décisions visant à simplifier et à actualiser certaines normes, avec des dispositions devant permettre de mieux prendre en compte tous les types de handicaps.
Un millier d'ambassadeurs de l'accessibilité doivent en outre être recrutés dès cette année, dans le cadre du service civique, pour orienter et informer les acteurs concernés sur cette nouvelle réforme, a encore souligné la ministre déléguée aux personnes handicapées.

Pour concrétiser ce dispositif, le gouvernement va présenter, le 2 avril prochain en conseil des ministres, un projet de loi d'habilitation à légiférer par ordonnance, qui lui permettra de prendre le texte adéquat au début de l'été, ses décrets d'application (sur les Ad'Ap et sur la simplification des normes) devant être publiés avant la fin de l'année 2014.

 

Des "agendas" validés par l'Etat

 

"Les délais ne sont pas repoussés", a également assuré la sénatrice (PS) de l'Essonne Claire-Lise Campion, présidente de l'Observatoire national de l'accessibilité, et notamment auteur d'un rapport qui proposait déjà, en mars 2013, un "agenda" de rattrapage.
Mais force est de constater que "la loi de 2005 était ambitieuse mais a manqué de portage politique et de suivi", a-t-elle regretté, en apportant des précisions sur la réforme issue de trois mois de concertation avec les associations de personnes handicapées et d'élus, les représentants du secteur des transports, les acteurs du logement et les représentants de la construction, du commerce, de l'hôtellerie et de la restauration, ainsi que des professions libérales, pour "mobiliser l'ensemble de la société".

 

Au final, "2015 ne sera pas l'année du renoncement", et il n'est pas question de revenir sur cette date, pour Claire-Lise Campion, qui considère que "l'engagement politique du gouvernement est bien là", avec la mise en oeuvre de ces agendas d'accessibilité, qui constituent "des engagements irréversibles et irrévocables dotés de mécanismes de contrôle et de sanctions, dans des délais raisonnables".
De fait, les Ad'AP élaborés par les ERP doivent être validés par l'Etat, au niveau des préfets de département, après contrôle par les directions départementales des territoires (DDT) et sur avis des commissions consultatives départementales de sécurité et d'accessibilité.

 

"Un échéancier de travaux"

 

Pour ce qui est du calendrier, la date-limite de dépôt des projets d'agendas d'accessibilité programmée ou d'engagement des ERP dans cette procédure (par une délibération de la collectivité ou du conseil d'administration de l'établissement concerné, ou un engagement de son gestionnaire) est fixée au 31 décembre 2014.
Tous les projets devront avoir été déposés auprès des préfets au plus tard un an après la publication de l'ordonnance créant le nouveau dispositif, qui "ne se substitue pas à la loi mais la complète", en y ajoutant un véritable "échéancier de travaux", a indiqué pour sa part la déléguée ministérielle à l'accessibilité, Marie Prost-Coletta.
Quant aux sanctions financières prévues en cas de non-conformité à la loi, dans les délais ainsi prévus par les Ad'AP, elles seront "proportionnelles et liées au niveau des engagements non respectés" ; ces amendes seront versées à un fonds d'accessibilité universelle destiné à financer de la recherche et du développement, mais aussi des travaux "dans certaines situations très complexes".

 

Des cas relativement rares, cependant, puisque "le délai de trois ans maximum devrait concerner environ 80 % des ERP", a avancé Marie Prost-Coletta, bien que l'on ignore toujours le nombre total d'ERP visés par l'obligation de mise en accessibilité, les estimations allant de 650 000 à... deux millions, selon les sources et les critères retenus.

 Article rédigé par Anne Simonot pour les ASH

mardi, 25 février 2014

Allocation adultes handicapés : la carte de France des inégalités

logo_mdph.gifLe ministère de la santé publie une étude qui montre que les allocataires de l'allocation adultes handicapés sont majoritairement des ruraux. La carte de France de l'allocation met en évidence de forte disparité. Les titulaires de l'AAH sont majoritairement à la campagne. Mais peut-on vivre en ville avec 770 € par mois.

 

La Nièvre est le département français où le nombre de personnes qui touchent l'allocation pour adultes handicapés est le plus important. Ils sont presque 6000 dans ce département, pourtant peu peuplé à toucher L'AAH. Dans cette partie de la Bourgogne que presque 6  adultes sur 100 touche l'allocation. L'enquête du ministère de la santé propose également des explications à ce phénomène.

 

Première explication : la ruralité. Vivre à la campagne semble être un élément lié au handicap. On trouve davantage de personnes handicapées touchant l'AAH dans les départements ruraux. D'ailleurs le département où le nombre d'allocataire est le plus élevé est la Nièvre, suivie de très près par l'Allier, ensuite on trouve à égalité la Creuse et l'Yonne et la Haute Vienne derrière. De nombreux points  communs existent entre ces différents départements. Ce sont des départements avec une population plus âgée qu'ailleurs. Ici les revenus moyen sont plus faible, la pauvreté est très importante dans ces territoires.  Selon le rapport, on trouve un grand nombre de chômeurs de longue durée dans ces départements. Autre signe flagrant de la pauvreté: ces départements présentent un revenu médian très faible. Plus faible qu'ailleurs.

Et la particularité de ce peloton de tête, tout ces départements présentent des paysages ruraux. Mais l'étude du ministère de la santé, met aussi en évidence un lien étonnant, entre le nombre d'allocataire et le taux d'alcoolémie. On a plus de problèmes d'addiction dans ces départements qu'ailleurs.

 

Le handicap semble décidément avoir un lien de parenté avec une certaine misère. 

Il n'est donc pas étonnant que le département qui compte le moins d'allocataires est urbain et avec  une économie dynamique : il s'agit des Yvelines. Les départements d'Ile de France sont les départements qui comptent le moins de bénéficiaires de l'allocation. Autour de 2%, c'est 3 fois moins que dans la Nièvre.Première explication : on trouve sans doute d'avantage de travail en Ile de France qu'en milieu rural. Mais surtout on peut se poser la question : peut on vivre à Paris avec une allocation qui ne dépasse pas les 800 € par mois. Car ce qui est certain, c'est qu'il est difficile, voire impossible financièrement pour une personne handicapée de vivre en zone urbaine ou en centre ville.

 

Enfin selon le ministère de la santé, la majorité des allocataires sont sans conjoints et sans enfants. Rappelons qu'en France, les revenus du conjoint sont pris en compte pour l'attribution de l'aide : si l'époux est salarié, la personne handicapée peut perdre son droit à l'AAH. Le célibat semble donc une condition pour être bénéficiaire. Mais l'étude révèle la solitude de ces bénéficiaires qui, n'ayant ni conjoint ni enfants, n'ont pas d'autre solution que de faire appel à la solidarité nationale.

 

(Source : vivrefm.com)

lundi, 17 février 2014

Accessibilité aux personnes handicapées : la région est en retard

717849914_B972004924Z.1_20140212173057_000_GIK1U92VA.1-0.jpgComment les villes vont-elles pouvoir combler toutes les lacunes en quelques mois alors qu’elles n’ont pas réussi à mettre en œuvre ces chantiers depuis 1975, date de la première loi sur l’accessibilité ? » 

Cette interrogation, l’association des paralysés de France la pose à l’occasion de la publication de la 5e édition de son baromètre de l’accessibilité. « 40 ans après, et à quelques mois de l’échéance de 2015, on est loin du compte », constate Anne-Marie Bouté, représentante départementale de l’APF pour les Ardennes.

 

Il est vrai que son département fait partie des cancres du classement des villes préfectures de France : 90e sur 96. En 2009, lors du lancement de cette étude annuelle, les Ardennes étaient 38e… «  Quand on n’est pas touché par le handicap, on s’en fiche, constate la responsable. Il est difficile de faire changer les mentalités. »

 

Les principaux griefs dans la ville préfecture ardennaise se concentrent sur les commerces, le domaine médical ou encore la voirie et certains grands établissements d’accueil du public.« Cela peut paraître étonnant mais peu de médecins sont accessibles. En centre-ville, les trois quarts des commerçants ne sont pas aux normes. Le cinéma, lui, est accessible mais une personne en fauteuil est condamnée à être au premier rang collée à l’écran. Pour la piscine, c’est pareil. On peut y aller mais c’est un véritable parcours du combattant pour atteindre le bassin. Et je ne vous parle pas des trottoirs au bout desquels vous êtes obligés de faire demi-tour car il n’y a pas de bateau pour descendre avec le fauteuil… »

 

Invités trop tard

Pour Anne-Marie Bouté, l’une des priorités est de mieux s’organiser en amont. Ce que confirme son collègue de l’APF Ardennes, Alain Antoine : « Le premier gros problème, c’est la démarche mise en place par les villes en matière d’accessibilité. Très souvent, on nous invite après coup et il n’est pas rare de devoir casser le nouvel aménagement car il y a des petits détails qu’un valide ne peut voir mais que, nous, on remarque immédiatement. Ça évolue petit à petit, mais par moments on a l’impression qu’on n’existe pas… »

 

Le classement de Charleville-Mézières ne manque tout de même pas d’étonner son maire, notamment la note de 5 sur 20 pour les « Équipement municipaux accessibles ». « Je suis très surpris du résultat, indique Philippe Pailla. Notre mairie est parfaitement accessible. Le théâtre a vu sa jauge réduite d’une centaine de places pour justement permettre aux personnes à mobilité réduite d’avoir de bonnes places. Pour les écoles, nous en avons 30. Toutes ne sont pas accessibles mais un travail est engagé sur cette question. Concernant le stade, il est vrai que la tribune principale n’est pas accessible, mais ce n’est pas notre plus grande priorité. Pour les transports, nous nous sommes mis d’accord avec les associations pour travailler sur des lignes de bus précises. Il est vrai par contre que, place Ducale, nous avons de vraies difficultés et nous n’avons de réponse pour l’instant. Mais je trouve qu’une note de 5 sur 20 est très dure. »

 

L’élu reconnaît par contre volontiers que le plan accessibilité ne sera pas terminé pour 2015 dans sa commune. « Étant donné le coût important des aménagements, je ne connais pas une ville en France qui sera prête à cette époque », souligne le maire.

 

Grégoire Amir-Tahmasseb pour l'Ardennais

(Source : http://www.lunion.presse.fr)

mercredi, 05 février 2014

Autisme : la France dans le mur

000_Par6914609.jpegLe Conseil de l'Europe va condamner mercredi pour la cinquième fois la France pour sa mauvaise prise en charge des personnes autistes. L'association Vaincre l'Autisme tire la sonnette d'alarme et dresse un constat accablant de la situation de l'autisme en France, qui touche aujourd’hui près de 650.000 personnes.

 

Dépistage, diagnostic, prise en charge, traitement... Sur l'autisme, la France a faux sur toute la ligne et accuse un retard de 40 ans sur ses voisins Européens et dans le monde. Ce terrible constat n'est pas seulement dressé par les associations, il l'est aussi par Bruxelles : selon nos informations, le Conseil de l'Europe devrait en effet condamner la France, mercredi, pour manquement à son devoir de prise en charge des personnes autistes. Un état d'urgence pour une "maladie" qui ne concerne pas moins d'un enfant sur cent à la naissance, soient environ 650.000 personnes en France.

"Face à un Etat aveugle, le recours juridique était la seule solution", nous explique le président de la fondation Vaincre l'autisme, M'Hammed Sajidi, à l'origine de la démarche. "Aujourd'hui, les autistes sont encore traités comme des malades mentaux et 80% des enfants ne sont pas du tout scolarisés". Un véritable paradoxe : l'Organisation mondiale de la santé considère en effet que l'autisme ne relève plus de la "psychiatrie" mais d'un "trouble du développement". Il ne se guérit donc ni à l’hôpital, ni avec des médicaments. Mais par la voie éducative.

 

La "pertinence" de la psychanalyse en question

Sauf que ce tournant, la France ne l'a toujours pas pris. "En Europe, presque tous les pays ont rattrapé leur retard et ont fermé leurs anciennes structures. Ici, on continue d'envoyer les enfants chez des psychanalystes qui vont expliquer que cela vient de la relation avec la mère", déplore le président de Vaincre l'autisme. Quand entre 90 et 100% des enfants autistes vont à l'école en Italie, Espagne, Suède ou Angleterre...

La Haute Autorité Sanitaire a tenté de changer la donne, en mars 2012. Dans unrapport de soixante pages, cette entité publique indépendante a publié ses recommandations. Verdict : donner la priorité aux "interventions éducatives". L'autisme ayant des symptômes très divers (on a coutume de dire qu'"il y a autant d'autisme que d'autistes"), les experts s'accordent sur la nécessité d'une prise en charge personnalisée, mais dans un milieu ordinaire, comme l'école. Preuve à l'appui : en quatre ans, le comportement des enfants, même gravement atteints, s'améliore dans 50% des cas. Elle balaye en revanche "l'approche psychanalytique", choisie dans la plupart des cas aujourd'hui : son efficacité n'est pas démontrée.

 

En sept ans de médecine, "deux heures de cours sur l'autisme"

Problème : face puissant "lobby des psychanalystes" avec des "centres spécialisés qui rechignent à bousculer leurs habitudes", "l'Etat continue de fermer les yeux", déplore le président de Vaincre l'autisme. Autre difficulté : une prise en charge personnalisée suppose un diagnostic précoce. "Ce qui est impossible aujourd'hui tant que les généralistes et les pédiatres ne sont pas formés pour", dénonce M'Hammed Sajidi, qui affirme en effet que "durant les sept années de leur cursus de médecine, seules deux heures sont consacrées à l'autisme".

Déjà condamnée dans le passé à quatre reprises par Bruxelles, la France a lancé, depuis 2005, trois "Plans Autisme" successifs, avec plus ou moins de succès. En mai 2013, la gauche a pris le relai en lançant le sien, sous la houlette de la ministre chargée des Personnes handicapées, Marie-Arlette Carlotti. L'accueil est mitigé : "un budget ridicule (250 millions d'euros) et pas de trace des structures expérimentales innovantes", souligne ainsi le président de l'association, qui regrette de voir la France "y aller à reculons" quand elle devrait sauter ce "mur qui nous sépare du reste du monde", une bonne fois pour toutes.

 

 

L'autisme, c'est quoi ?

L’autisme est défini par l’OMS comme un trouble sévère et précoce du développement de l’enfant apparaissant avant l’âge de 3 ans et qui serait lié à un défaut de maturation du système nerveux. Il se caractérise par des troubles du comportement (communication, sociabilisation, obsessions, gestes répétitifs) qui se manifestent de façon diverse et plus ou moins grave selon les enfants. Le plus connu est le syndrome d'Asperger. Il se caractérise pas des troubles de la communication et des interactions sociales, mais sans altérer le développement cognitif de l'enfant dont l'intelligence s'avère normale, voire supérieure à la moyenne.

 

(Source : metronews.fr)